« Le Devoir d’Esperance » de Yann Boissière

   L’auteur nous inscrit dans  un contexte que nous connaissons mais qui force la pertinence de sa démonstration: nous sommes la première génération confrontée aux limites de la Planète, et cette confrontation arrive au pire moment, celui d’un individualisme exacerbé.

    C’est dans ce contexte que les nouvelles technologies s’immiscent à tous les niveaux de la société, à l’intérieur de la famille et dans les organisations: elles redéfinissent nos rapports sociaux tandis que la masse d’informations submerge nos cerveaux et impacte la représentation que nous avons en tant qu’individu.

      Alors qu’en 1841 l’homme travaillait 70% de sa vie éveillée, aujourd’hui ce temps « gagné » est un temps de « connectivité », une connectivité qui en se déployant, opère telle une machine à Burn Out.

    Comme disait Alphonse Allais « une fois qu’on a passé les bornes, il n’y a plus de limites »

     AYEKA = Où es tu? Où est l’homme dans tout ça? Dans la tradition, c’est la dimension du temps et la perspective de « non-coïncidence » qui fait que l’homme peut s’attribuer ses actions et réparer le monde.

     Notre activité mentale, alimentée de crises de manière incessante, va à l’encontre de cela: elle se nourrit du calcul de ce que fera « l’autre », de scénarios imaginaires de nos actions et de leurs conséquences. Elle alimente nos peurs plus que nos désirs

    L’auteur nous rappelle les ressorts de la spiritualité : la clé de nos rapports avec le monde, avec les autres, dépend de la justesse de notre rapport avec nous-mêmes. L’injonction à la visibilité nous éloigne de nous-même et de notre dignité

    Il y a un siècle, on voulait dominer la Nature, aujourd’hui on veut supprimer le temps: il est devenu un obstacle à notre volonté (« tuer le temps »). Dans cette recherche de contrôle nous avons perdu le sens. 

     Dans son livre, Yann Boissière souligne que pour trouver un sens à sa vie, il faut accepter que la vie exige quelque chose de soi: c’est au moment où nous « « « lâchons, que le sens vient transformer nos vies; Le sens est une question qui ne concerne que nous-même

      Le problème de a quête de sens n’est pas de trouver du sens, mais de se laisser en position de le recevoir; Choisir la vie, c’est revenir à soi même, pour aligner ses valeurs avec ce qui nous arrive

    Faire de l’espérance un devoir, c’est orienter notre conscience sur le fait que la nature de la flamme est de monter, que notre mission est de l’accompagner, pour nous élever avec elle

    La réalité dans nos sociétés fractionnées et hyper-individualistes, c’est que nous ne croyons qu’à la production d’un monde au lieu de l’habiter.

     Notre intériorité est notre liberté véritable. C’est d’elle que naîtra l’espérance.